La Hustle Culture est la tendance moderne à s'agiter et travailler jusqu'au burnout. L'idée est de maximiser sa productivité de manière capitaliste en renonçant à se reposer ou se distraire. Le résultat est affreusement toxique pour l'organisme et l'esprit. Il serait plus pertinent d'équilibrer au mieux les temps de repos et les temps de travail, de s'organiser en fonction du moment où on est plus productif.

La hustle est une mentalité dans laquelle j'ai grandi. Peut-être à cause de la fatigue chronique (un enfant ne peut pas être handi c'est forcément de la paresse). J'étais poussé' à utiliser 100% de mon temps libre à mes études, à la recherche d'un emploi, l'entretien du foyer... à ce qui était jugé le plus productif pour le capitalisme. Cette mentalité est nocive pour les personnes valides, les poussant à être fières de mourir d'épuisement et de stress. Imaginez ce que ça fait aux handicapés à cause de la fatigue, de la vulnérabilité sociale et physique, de l'état de santé, etc.

J'ai appris que je devais aller au travail même avec de la fièvre. Même en burnout. Même après une nuit d'insomnie. Que durant mon temps libre je devais travailler. Que c'était honteux d'avoir besoin de dormir plus de 6 heures par nuit (j'ai besoin de nuits de 10-12 heures). J'ai intégré qu'il valait mieux avoir un trouble anxieux généralisé à force de vouloir utiliser la moindre minute à des fins de production, plutôt que d'oser respirer. Que la méditation pleine conscience ne devait pas servir à me reconnecter à moi-même, mes besoins, mes limites, mais qu'elle devait entretenir la dissociation par rapport à mes émotions douloureuses pour les planquer sous le tapis et retourner taffer docilement. Sans colère. Sans rancune. Sans me rebeller contre un environnement social toxique.

Maintenant avec l'AAH je pourrais "me laisser vivre" en faisant uniquement le strict minimum. Mais j'angoisse lorsque je reste plus de 30 secondes à faire "rien". Merci la Hustle Culture.