• La Maison des Feuilles (14/14 postés)

    Partie 0 : Trigger warnings et Content warnings

    Merci de lire ce post avant les autres sur la Maison des Feuilles.

    Procédez avec précautions avant de lire la suite (ou le livre) si vous souffrez de dissociation, de dépersonnalisation ou de déréalisation, ou n’importe quel autre trouble dissociatif. Les particularités de l’histoire et de sa mise en page, peuvent déclencher des crises.

    D’autres Trigger Warning et Content Warning à prendre en compte si vous souhaitez entamer la lecture du livre incluent :

    • présence de nombreuses scènes de sexe
    • horreur psychologique
    • armes à feu
    • suicide
    • meurtre
    • appel du néant
    • vertige existentiel

    Partie 1 : présentation générale

    La Maison des Feuilles de Mark Z. Danielewski est un OVNI en matière de littérature, et ce, à plusieurs niveaux.

    C'est l'histoire d'un homme qui lit le rapport de Zampanò - et commente aussi la vie de Zampanò - rapport qui porte sur un documentaire, lequel documentaire raconte l'histoire d'une famille dont la maison est plus grande à l'intérieur. Certains membres de la famille vont être hostiles envers les espaces qui apparaissent mystérieusement dans la maison tandis que d'autres vont partir à l'exploration de ces espaces.

    La première histoire - l'histoire du lecteur - est racontée dans les notes de bas de page, au fur et à mesure qu'il avance sa lecture du rapport / analyse de Zampanò. Il raconte son quotidien, ses aventures sexuelles, mais aussi, les terreurs, hallucinations, déréalisations, qui s'emparent de lui au fur et à mesure que la maison l'obsède de plus en plus.

    La totalité du livre fait appel à des artifices pseudo-scientifique comme, une utilisation excessive des sources extérieures (inventées), d'analyses de toutes sortes (symboliques, filmiques, psychologiques), la présence d'annexes et d'appendices, et ainsi de suite.

    Le récit est donc présenté en "lasagne" avec en réalité, plusieurs lignes narratives qui ne s'entrecroisent pas mais existent en parallèle. Cette existence parallèle est retranscrite par la mise en page : un texte principal avec sa propre typographie, un autre dans les notes de bas de page avec une autre typographie, vocabulaire, syntaxe. Point commun qui les lie : le mot maison quelle que soit la langue dans laquelle il est écrit, est toujours écrit en bleu - y compris sur la couverture.

    Parmi les traits déroutants mais qui participent au récit, la mise ne page du texte principal va lui aussi varier en fonction de l'action qui est décrite - action contenue dans le documentaire fictif au sujet de la maison et dont Zampanò a écrit l'analyse.

    Partie 2 : chapitres 1 à 8

    Les quelques premiers chapitres n'ont pas une mise en page particulière. Il ne se passe rien de particulier. Le récit et les personnages se mettent en place. Néanmoins, les premiers indices d'étrange commencent à s'infiltrer dès le chapitre 5 : d'une part, l'histoire du lecteur occupe plusieurs pages de "notes de bas de page". D'autre part, des listes sans fin de référence vides de sens (car inventées pour les besoins du livre) occupent l'espace du texte principal.

    Le chapitre 8 commence à intégrer la (dé)structure(ation) du texte comme un élément sémiotique participant à la narration. Le thème qui est abordé dans cette partie est celui du signal en morse "SOS". La représentation visuelle du signal sert à découper le texte : trois paragraphes courts, trois longs, trois courts. Le récit du lecteur est lui aussi découpé mais, je n'ai pas pris la peine de chercher à le déchiffrer en morse.

    Le chapitre suivant commence à introduire les passages barrés et imprimés en rouge. Tous font référence au mythe du Minotaure.

    Partie 3 : chapitre 9a

    Ce chapitre parle de labyrinthe et à cause de ça, les notes de bas de page renvoient les unes aux autres en boucle. En fait, il faut les lire dans l'ordre d'apparition, sans se préoccuper des renvois entre les notes. J'en ai presque pleuré de désespoir de me retrouver coincé’ d'un renvoi à un autre, à un autre, à un autre...

    Trois pages plus loin le texte est intriqué et écrit dans tous les sens sur une dizaine de pages.

    La forme du texte fait écho à l'histoire. Par exemple, précédemment, dans le passage intitulé "sos" le film-documentaire qui est l'intrigue principale, est décrit comme étant monté au rythme du SOS en morse (trois courts, trois longs, trois courts). Le texte est lui aussi dans ce passage, découpé de la sorte, arbitrairement, au milieu des phrases, séparées par un saut de ligne et un point médian. Donc il est logique que pour le chapitre du labyrinthe, le texte soit écrit sous forme... d'un labyrinthe.

    Un peu plus loin, l'histoire parle d'un trou fait dans un mur du labyrinthe de la maison ; et une "note en bas de page" inscrite dans un encadré bleu, est étalée dans plusieurs pages, dans un "trou" figuré par l'encadré bleu, et comme écrite sur un papier transparent (le recto et le verso indiquent la même chose, le verso l'indique en miroir comme en transparence) et ce à-travers tout le reste du chapitre.

    Il y a un trou percé à travers le chapitre comme il y a un trou percé dans le mur.

    Partie 4 : chapitre 9b

    Les trois notes de bas de page suivantes sont des listes à la Prévert qui encadrent le reste du chapitre. Une dans le sens normal de lecture qui remplit la marge de gauche. L'autre, qui se lit en retournant le livre à l'envers et permet de revenir au point de départ, et qui remplit la marge de droite (ou celle de gauche à nouveau puisque le livre est à l'envers). Et la dernière ne fait que quelques mots, cachée dans le pli au milieu de la double-page du point de départ.

    Je suppose que cela symbolise l'errance dans le labyrinthe, l'aspect "sans fin" de celui-ci, ainsi que l'absurdité du trajet puisqu'on revient à notre point de départ.

    D'ailleurs, le texte principal, à cet endroit, parle d'une série de corridor qui ramènent à ce qui devrait être le point de départ en toute logique, mais ne l'est pas.

    Plus loin dans le chapitre, un personnage est dans un état de confusion intense. Les notes de bas de page reflètent cet état : elles sont fragmentées, doivent être lues en mettant le livre à l'envers ou sur le côté, s'étalent sur plusieurs pages, il est nécessaire de rechercher les différentes morceaux au milieu de la confusion ambiante.

    Partie 5 : chapitre 9c

    Ensuite, lorsque le sujet du chapitre tourne autour du fait d'être "coincé dans le labyrinthe ", une note de bas de page est écrite sous la forme de deux colonnes, entourant le "trou" précédemment "percé" dans le chapitre, et il est nécessaire de pencher le livre de côté afin de la lire.

    L'effet de transparence qui est appliqué au "trou" est également appliqué à cette note.

    Quant au texte principal lui-même, il devient de plus en plus découpé et déstructuré, illustrant le découpage labyrinthique des eaux gelées qu'affronte le marin Hudson, laquelle histoire, comprise dans une note de bas de page, illustre la situation désespérée des personnages du récit principal.

    Il est possible que la mise en page en colonnes fasse écho au sujet du texte principal, lequel aborde la question du journalisme ainsi que de la manière dont il est possible, ou pas, de se fier aux reportages, y compris les photographies et les vidéos.

    Partie 6 : chapitre 10

    Le texte est éparpillé sur les pages, il y a beaucoup de blanc. Ca symbolise sans doute le vide à l'intérieur de la maison, l'absence des personnes que l'équipe recherche, l'espace incommensurablement vaste des pièces que leurs lampes-torches ne parviennent pas à éclairer entièrement.

    La changeante disposition des rares phrases sur les pages, suit la changeant disposition des murs, sols, plafonds, portes et escaliers de la maison.

    Rien n'est éternel dans cet espace, pas même l'espace lui-même. La seule constante est que tout est constamment inconstant.

    Différence est faite entre les commentaires relatifs au film fictif racontant les péripéties dans la maison - et lesdites péripéties dans la maison : les commentaires sont placés en haut de pages blanches, et les péripéties, en bas des pages. Le vide du blanc reflète l'angoisse du vide de la maison et de l'inconnu de ses pièces changeantes.

    Plus loin, une phrase étalée, droite, les mots séparés les uns des autres, sur plusieurs pages, imite la trajectoire d'une balle, capturée en vidéo, chaque frame de la vidéo indiquant une position différente, progressant impitoyablement vers sa cible.

    Le récit se découpe comme les plans d'une vidéo documentaire.

    Et soudain, la règle des "commentaires en haut, récit en bas" est brisée : les mots se mettent à suivre le récit.

    Tout comme la phrase qui traçait la trajectoire d'une balle, les mots suivent la progression d'une autre action, en diagonale cette fois-ci, sur plusieurs pages.

    Puis, d'autres encore.

    La répartition des mots dans l'espace de la page, illustre la répartition de l'action dans un autre espace.

    Partie 7 : chapitre 11

    Le chapitre est écrit sous la forme de deux colonnes. Ce qui effectue un parallèle avec le thème du chapitre qui tourne autour de la gémellité. En effet, deux des personnages du récit principal, sont des jumeaux. Un parallèle est effectué avec les jumeaux Jacob et Esau.

    Le chapitre est incomplet. Tout comme Esau a juré de tuer Jacob pour des histoires d'héritage, Zampanò a tenté de détruire son manuscrit. Il n'en reste que des fragments tachés de sang, retranscrits sous la forme des deux colonnes de la gémellité entrecoupées de "rzzzz" symbolisant le bruit de la déchirure du papier.

    D'ailleurs, un peu plus loin dans le chapitre, il est indiqué que la racine hébraïque "rzz" signifie justement "déchirer" ou "détruire". Ce qui fait à nouveau écho à la destruction du manuscrit, mais aussi, de la relation entre les jumeaux mythologiques - ou entre les protagonistes.

    Vient ensuite une retranscription de vidéo, puis une digression sur l'impermanence des choses. Cela est illustré par l'impermanence de certaines rencontres d'un soir, et par la mort qui peut se produire n'importe quand.

    L'impermanence est présente à tous les niveaux de l'histoire principale, ainsi que dans le récit contenu dans les notes de bas de page. Le tout est ironiquement accompagné par la permanence d'une vidéo - ou plutôt de sa retranscription.

    Tout disparaît. Tout a une fin. Tout se fait avaler par le vide de la Maison des Feuilles.

    Partie 8 chapitre 12

    Le chapitre 12 de la Maison des Feuilles reprend à nouveau la disposition du texte en rapport avec le développement de l'action.

    Les dimensions de la maison se modifient, ainsi que sa cartographie - entraînant le texte du livre dans ce même mouvement, s'étirant d'une page à l'autre, d'un mot à l'autre, propulsé soudain en bordure de page, renversé à l'envers ou sur le côté.

    Le texte reflète la confusion de l'environnement de la maison.

    L'autre récit - celui des notes de bas de page - reflète également l'état interne de la maison. Tout s'étire, s'étale, et l'écoulement du temps perd de sa linéarité. L'anxiété monte. L'horreur du récit transpire entre les lignes.

    La séquence dans le film documentaire se termine sur un fondu en blanc - les pages blanches qui suivent lui font écho.

    Le milieu du livre est atteint.

    Partie 9 : chapitre 13

    La mise en page a encore changé : il y a des sous-chapitres, les marges ont encore une taille différente, ainsi que les alinéas. Les sous-chapitres sont eux-mêmes découpés par de discrets numéros loin sur le bord de la marge de gauche. Même le focus du récit a complètement changé, pour se focaliser non plus sur les personnages perdus dans la Maison des Feuilles, mais sur d'autres, en-dehors de la maison - et la manière dont la maison influence leur psyché.

    Même à-travers les murs, la maison continue d'impacter les gens, et transporte leur détresse et leur voix sur des distances incroyablement grandes à l'intérieur, incroyablement réduites à l'extérieur.

    Plus loin dans le#chapitre, faisant écho aux "trous" dans la narration - puisque les personnages principaux n'ont pas pu trouver toutes les informations au sujet d'un personnage manquant - le texte est lui-même "troué" par des cendres incandescentes qui ont attaqué le manuscrit d'origine.

    On se plonge dans la psyché d'un des personnages disparus, à-travers les notes parcellaires de psys et des morceaux de vidéos. Il manque des bouts, comme il manque des lettres au texte. La vie du personnage est détruite, comme l'est le manuscrit papier.

    Autre parallèle : le chapitre parle beaucoup de tir et de suicide par arme à feu - et une arme à feu, ça fait des trous dans sa cible. De la même façon que le texte a été troué.

    La partie suivante du chapitre n'est plus trouée. Il n'y a presque pas de notes de bas de page. Le retour à la réalité et à la normalité se fait - ou du moins, tente de se faire.

    Les personnages reprennent peu à peu le contrôle de leur vie et de la situation dans la maison. De la même façon, lea lecteurice reprend le contrôle du récit et peut enfin le suivre tel un roman classique. Il n'y a qu'une seule ligne narrative à suivre. Tout est clair, net et précis.

    Partie 10 : chapitre 14 à 16

    Le chapitre 14 persiste dans cette fausse impression de retour à la normale. Le contexte physique dans lequel les personnages se trouvent, la mise en page, sont normales. Mais à l'intérieur d'eux-mêmes, leur psyché reste détruite. Nous n'en sommes qu'à peine à la moitié du livre. Le cauchemar n'est pas encore terminé.

    On rentre dans le chapitre 15 et c'est le retour de la mise en page "anormale" et du récit de l' "anormal" dans la Maison des Feuilles.

    Le point de vue est complètement différent - la mise en page aussi. Cette fois-ci, la maison est vue et commentée de l'extérieur par des personnages qui ne sont pas des protagonistes des précédents chapitres.

    Le personnage central de ce chapitre tente de construire son monde en-dehors de la maison, ce qui nous prépare au chapitre suivant, qui parle uniquement de la maison.

    Le chapitre 16 tente de faire une analyse la plus complète possible de la maison. Ses propriétés sont froidement étalées. Les résultats de l'échantillonnage de ses murs sont présentés dans des tableaux. On parle géologie, minéralogie, datation aux isotopes radioactifs.

    Mais, tout comme le sujet est "l'échantillonnage", le chapitre lui-même est "échantillonné" : il n'en reste pour ainsi dire que quelques notes de bas de page. Si on en croit le corps du texte, il manque 2 pages, puis nous avons des blocs noirs avec quelques échantillons de mots, puis il manque 17 pages. Tout est parcellaire. C'est un échantillon de chapitre.

    La maison reprend sa place dans l'histoire, peu à peu. Elle infiltre même celle présente dans les notes en bas de page.

    La fin du chapitre comprend un glossaire, échantillonnage des mots du chapitre, dont certains ne sont même pas visibles dans le corps du texte étant donné les pages perdues. Ce qui renforce le sentiment d'échantillon : petite parcelle d'un objet trop grand ou hors de portée pour être appréhendé par lui-même.

    Partie 11 : chapitre 17 et 18

    Nous passons au chapitre 17. La maison continue d'avoir une emprise sur les personnages. Chacun réagit à sa propre manière, et l'un d'entre eux décide d'y retourner.

    Deux forces s'affrontent : l'envie de vivre du personnage, et la pulsion de mort qui émane de la maison. Ce qui est retranscrit dans une partie du chapitre qui prend la forme d'une lettre de plusieurs pages, conversation à sens unique de la même façon qu'il n'y a finalement qu'une des deux forces précédemment citées qui agit : celle de la maison.

    Dieu. La mort. Les regrets. L'inévitable. Il n'y a plus qu'une seule force présente dans ce chapitre, aussi implacable et absolue que la force de gravité : la Maison des Feuilles. Cette force s'exerce principalement sur un personnage, au point que tous les autres sont comme "délivrés" de l'influence de la maison lorsque le "sacrifice" se plie à l'appel et retourne une dernière fois entre les murs fatidiques.

    Dans le chapitre 18, l'inévitable devient de plus en plus palpable. L'histoire contenue dans les notes de bas de page, arrive à son terme, inachevée, tandis que son protagoniste est lui aussi attiré par la maison. Le corps principal du texte indique que cette attraction mortelle était déjà présente bien avant l'habitation elle-même, et qu'elle fait des victimes depuis bien longtemps.

    Ce que l'on prenait pour une maison est en réalité un trou noir dont nul ne peut échapper. Mais un trou noir à géométrie variable, dont les profondeurs insondables peuvent se refermer à tout moment derrière un semblant de normalité. Ainsi, la femme du protagoniste "sacrifié", "A présent sans raison d'avoir peur, […] se retrouve soudain sans raison d'espérer."

    Partie 12 : chapitre 19 et 20

    Le chapitre 19, très court, nous prépare au suivant, à la plongée définitive dans les abîmes mortels de la maison. Les dés sont déjà jetés, et les mâchoires du destin sont en train de se refermer.

    Le chapitre 20 est le plus long du livre. Il commence par un texte en braille, car nous plongeons en aveugle dans l'inconnu. Les document qui suivent ont été récupérés indépendamment du protagoniste qui les a produits : nous ne savons rien de ce qui lui est arrivé, nous sommes aveugles.

    Le texte se remet à suivre, dans la disposition des pages, l'action qui est décrite. Il se contracte, s'éparpille, monte ou descend, forme des arches, demande à tourner le livre dans tous les sens, s'empile dans un coin de la page comme un animal effrayé.

    Sur une double-page, le texte passe d'une page à l'autre au lieu de revenir à la ligne au collage. A un autre endroit, il faut le lire de bas en haut, les retours à la ligne se faisant verticalement au lieu de horizontalement au fur et à mesure que le protagoniste grimpe. Puis, le couloir se rétrécissant, le texte n'occupe plus qu'une toute petite portion au centre de chaque page, écrasant les quelques mots restants au centre d'un blanc oppressant.

    La scène de la lecture du livre, à la lumière de ses propres pages brûlées l'une après l'autre, la combustion de la dernière servant à illuminer son propre texte pour permettre au protagoniste d'atteindre le point final, illustre bien le processus d'appel du néant dont tout le chapitre est imprégné.

    Partie 13 : chapitre 21 et 22, et appendices

    On passe au chapitre 21 assez abruptement, et le retour au texte "normal" est presque aussi déconcertant que ne l'avait été le texte imprimé dans tous les sens.

    Nous suivons désormais en guise de texte principal, le protagoniste qui jusqu'à lors ne s'exprimait que dans les notes de bas de page. Il s'agit de son journal. Il est parti à la recherche de la Maison des Feuilles.

    Hélas, il ne découvre que les effets de la maison : la confusion, l'appel du vide, et le néant. Mais c'est un néant dans lequel il glisse sans regret, puisque son travail de tri et d'organisation du manuscrit à propos du documentaire sur la maison, demeure.

    Un seul personnage semble survivre à ce trou noir physique et mental : le "sacrifié" (dernier chapitre). Grâce à son sacrifice, il a libéré les autres personnages de l'emprise maléfique, et résolu ses propres conflits personnels.

    Les appendices sont divers et variés, incluant des photographies du manuscrit original de Zampanò, des documents manquants/perdus, des poèmes, des lettres...

    Parmi les poèmes, celui de la page 563 donne un indice quant au choix de la "Maison des Feuilles" pour le titre du livre.

    Quant à la série de lettres de la mère à son fils, celles-ci sont de plus en plus complexes à déchiffrer, de la même façon que l'esprit de l'autrice plonge peu à peu dans la confusion la plus totale. Le texte est crypté, penché, mélangé...

    Partie 14 : conclusion et avis

    Ouf. Lire ce livre fut toute une aventure. J’avais déjà apprécié par le passé la manière dont Walter Moers (un auteur Allemand) utilise ponctuellement la mise en page au service de son récit mais chez lui ça reste ponctuel. Alors que dans la Maison des Feuilles, la mise en page fait partie intégrante de la narration. La même histoire, racontée avec une mise en page classique, n’aurait pas du tout le même impact. Elle serait peut-être même un peu fade. Je crois que je ne l’aurais peut-être même jamais lue, si la Maison des Feuilles n’avait pas été connue justement pour cette particularité du récit par la mise en page.

    Ce fut intense. Je crois que c’est le livre le plus intense que j’ai lu de toute ma vie. Et je ne dis pas ça juste parce que j’ai beaucoup traversé de dissociation - déréalisation - dépersonnalisation au fil des pages ! Même en étant bien ancré’ dans l’ici et maintenant, l’expérience de lecture reste sans équivalent. Je trouvais déjà que les livres sur la Zamonie de Moers étaient intéressants comme expérience, parce que, dans moins de 5% de l’ouvrage, la mise en page participe au récit. Mais là, c’est 100% du bouquin qui est construit de cette façon !

    Ca m’a retourné le cerveau.

    Il y a un travail monstre derrière ce livre. Je suis vraiment contens d’avoir lu quelques essai sur la sémiotique (Roland Barthes et Umberto Eco principalement) ce qui m’a aidé’ à mieux faire attention au sens porté par la forme du texte.

    Les gens qui se lancent dans la Maison des Feuilles comme si c’était juste une façon marrante de présenter le texte, sans chercher à analyser cette forme, à l’intégrer au récit, passent à côté de la moitié de l’expérience de lecture.

    Je n’ai plus qu’une chose à dire : attachez vos ceintures, vérifiez que vous êtes bien en contact avec le monde réel, et plongez dans la Maison des Feuilles.


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