• Les autistes c'est bien connu, font des mouvements répétitifs tout. le. temps. On appelle ça le stimming sensoriel. Ça a deux grandes fonctions : l'auto-régulation, et le jeu.

    Le stimming d'autorégulation

    Lorsque les neurotypiques sont dans une situation stressante (klaxons, bébé qui pleure) et/ou ressentent des émotions très fortes (match de foot, rupture amoureuse) ils ont le réflexe de se frotter la bouche, de se masser le visage, ou de le couvrir de leurs mains. C'est socialement acceptable de faire ça pour s’autoréguler.

    Les neuroAtypiques de leur côté vont avoir des comportements plus variés, plus fréquents et plus intenses (parce que le stress du quotidien est plus élevé). Voici quelques exemples (liste non-exhaustive !) tirés de ma propre expérience personnelle. Rappelez-vous que l'autisme est un spectre (Trouble du SPECTRE de l'Autisme ou TSA) et chaque autiste va avoir son propre panel de stim !

    • Joie intense : flapping (secouer les mains)
    • Dégoût : secouer les mains ET les bras comme pour me débarrasser d'un truc
    • Peur : trépignement
    • Anxiété : balancement avant-arrière
    • Impatience : rotation du buste droite-gauche ou balancement avant-arrière
    • Réflexion intense : agiter les doigts comme si je jouais du piano, faire des bruits (chantonner, répéter un mot...), jouer avec mes piercings, mordiller la lèvre inférieure
    • Besoin de me détendre et me reposer : sons "ronds" (eau qui glougoute, chat qui ronronne...)
    • Besoin de me stimuler intellectuellement : sons "crépitants" (feu, oiseaux, pluie sur le toit...)
    • Nervosité, impatience : remuer un pied, une jambe
    • Éviter de dissocier durant une conversation : me frotter les mains, les bras, tripoter un objet, regarder de côté

    Tous ces comportements sont atypiques donc étiquetés autistiques et donc pathologiques alors qu'en fait, c'est exactement la même chose, la même fonction de régulation, que quand une personne non-autiste se masse le visage. L'autisme n'est PAS une pathologie ! Laissez-moi stimmer tranquille !

    Le stimming de jeu

    Le stimming autistique sert à s'autoréguler mais il sert aussi à jouer.

    Les neurotypiques aiment bien faire des jeux d'imitation sociale : jouer à la famille, à l'école, au magasin... Ils aiment répéter les gestes qu'ils voient les adultes faire au quotidien, afin de mieux s'approprier les rôles sociaux qu'ils pourraient avoir à jouer plus tard en grandissant.

    Les neuroAtypiques comme les autistes de leur côté, ont un cerveau qui privilégie plutôt les perceptions sensorielles, le tri de l'information, la mise en lien, la catégorisation. C'est ce qui nous facilite le travail dans des domaines scientifiques, par exemple.

    Et nos jeux vont être basés sur ce type d'action mentale. On peut avoir pèle-mêle (liste non exhaustive !)

    • Disposer ses jouets pour faire un diorama
    • Classer ses jouets par taille, couleur...
    • Lire, apprendre des informations factuelles
    • Faire de la création artistique (dessin, peinture...)
    • S'absorber dans le plaisir d'un influx sensoriel particulier : regarder un objet qui tourne, ses doigts qui bougent, caresser un doudou, chantonner, faire de la balançoire, faire cliquer un stylo...

    Oui, ça paraît étrange quand on a un cerveau calibré pour les interactions sociales. Mais, je vous assure, pour une personne autiste, jouer à disposer ses peluches sur son lit, c'est tout aussi normal que pour une personne non-autiste, faire "parler" ses jouets.

    Si vous trouvez que votre enfant autiste "ne joue pas" avec ses figurines parce qu'il "ne fait que les regarder et les poser sur les étagères" c'est simplement parce que vous avez une idée différente du jeu. C'est normal dans l'autisme de préférer collectionner, trier, classer, ranger ses figurines plutôt que d'inventer des histoires avec. Lorsque nous inventons des histoires, nous préférons les raconter ou les écrire ou les dessiner, plutôt que de les exprimer sous forme théâtrale (soi-même ou avec des jouets comme acteurs).

    C'est une autre façon de jouer, tout simplement.


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  • Notre corps fait face à toutes sortes de dangers au quotidien. Notre système immunitaire apprend à reconnaître ces dangers et à les combattre efficacement. Mais des fois il en fait trop et on a des allergies ou des maladies auto-immunes.

    L'esprit c'est pareil. Quand tout va bien on fait face au stress de manière constructive. Quand le stress est trop intense pour nos capacités, la mémoire classique s'arrête et à la place notre esprit fait un copier-coller de l'événement stressant et de son contexte. Ce copier-coller peut être plus ou moins découpé : soit découpé temporellement (les différentes étapes de l'événement sont enregistrées à part les unes des autres), soit découpé en parallèle (le son, l'image, les sensations corporelles, les émotions.... sont enregistrées à part les unes des autres).

    L'événement stressant est alors nommé un trauma à cause des conséquences que ça a sur notre esprit - rien à voir avec la nature objective de l'événement ! Et le phénomène du copié-collé de l'événement est nommé Syndrome de Stress Post Traumatique ou SSPT (on peut aussi parler d’État de Stress Post Traumatique ou ESPT)

    Le but est de le reconnaître quand l'événement se reproduit afin de réagir super vite pour se protéger, le fuir, le combattre, faire le mort en attendant que ça passe... Un peu comme notre système immunitaire apprend à reconnaître un microbe pour le combattre.

    Et des fois ça déraille : on réagit même sans danger réel. On fait comme une allergie mais psychologique.

    Les éléments auxquels on est "allergique" s'appellent des trigger ou déclencheur. Comme pour les allergies alimentaires, certains sont plus courants que d'autres. Et comme pour les allergies alimentaires, ça peut être bien de prendre l'habitude de prévenir quand on en trouve quelque part.

    C'est ça, les Trigger Warning ou TW (on parle aussi de Content Warning pour les sujets sensibles mais pas nécessairement trop lourds). Des notifications de possibles allergènes, mais pour l'esprit.


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  • La neurodiversité c'est le concept qui veut que, tous les différents neurotypes font partie du spectre de la diversité humaine normale. On trouve dans la neurodiversité toutes les neuroAtypies comme par exemple (liste non-exhaustive) : autisme, syndrome de Dawn, troubles dys, TDA/H, handicap cognitif, surdouance, et d'autres que j'oublie certainement.

    La neurodiversité veut qu'on regarde toutes ces personnes comme ayant leur propre normalité. Attention ça ne veut pas dire "ces gens n'ont pas de handicap" ! Par contre ça demande à arrêter de voir la situation de handicap comme une pathologie.

    Ainsi, ce n'est pas la personne qui est handi, c'est la situation dans laquelle elle se trouve qui la handicape.

    Tout comme une personne myope est handicapée quand elle n'a pas ses lunettes, et n'est plus en situation de handicap avec ses lunettes - de même, les personnes neurodiverses sont en situation de handicap quand elles n'ont pas accès aux aides spécifiques dont elles ont besoin - et peuvent s'épanouir si on leur donne accès à ces aides.

    Ce n'est pas la personne qui est "cassée", c'est le système qui n'est pas adapté pour elle. Donc, au lieu de vouloir "réparer" les personnes, il faut réparer le système.

    Une personne autiste va le rester toute sa vie. On peut au choix, soit la forcer à se comporter de manière neuroTypique et ainsi sacrifier sa santé mentale - ou sa santé tout court - soit adapter son environnement pour lui permettre de développer son plein potentiel.

    Moi, j'ai choisi d'adapter mon environnement (bouchons antibruit, lunettes de soleil, travail à la maison maximum 2h/jour, courses livrées à domicile, service de transport de personnes handicapées au lieu des transports en commun, limitation au maximum des interactions sociales en face à face...) et depuis, ma santé mentale pète le feu. Ma santé physique aussi, d'ailleurs.

    Et vous, vous faites quoi au quotidien pour aider les neuroA ? (vous-même ou les autres) Répondez en commentaire !


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  • La dysphorie est un sentiment de malaise et d'inconfort par rapport à son propre corps, car le corps physique est différent de ce que le cerveau a comme information de ce qu'il est censé être. Elle est différente de la dysmorphophobie dans laquelle le corps est perçu différemment de ce qu'il est.

    Il y a autant de raisons d'être dysphorique qu'il y a de personnes ressentant de la dysphorie. Parmi ces raisons, on peut compter par exemple :
    • dysphorie de genre chez les personnes trans
    • puberté trop rapide ou trop précoce
    • maladie et prise ou perte de poids importante
    • modification de l'aspect physique suite à un accident ou une maladie (amputation, défiguration, cancer...)
    • le spectre de la dissociation identitaire : que ce soit l'ATDS (ATDS-1a ou ATDS-1b) le TDI ou de manière générale le fait d'être alter-humain (otherkin therian ou fictionkin) : la construction identitaire est dissociée du corps physique ce qui peut rendre dysphorique
    • liste non exhaustive !

    La gestion de la dysphorie de fait de manière différente suivant le cas. Les personnes transgenre vont transitionner (cf. mes posts précédents). Les personnes dissociatives peuvent aborder la situation sous deux angles : le traitement des troubles dissociatifs par ancrage, sécurisation, gestion des émotions... et la mise en place d'astuces que je décris dans mon essai titré Alter-humanités.

    La dysphorie est quelque chose de désagréable qui peut entraîner beaucoup d'anxiété voire même une dépression. Il ne faut pas la prendre à la légère. C'est important de savoir quelle est sa source pour pouvoir utiliser les bonnes ressources pour la gérer. Et ne pas oublier que certaines dysphories ont plusieurs sources en même temps (troubles dissociatifs ET transidentité en même temps, par exemple).


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  • Un des accessoires utilisés par les personnes trans-masculines - qu'elles soient binaires ou non-binaires - c'est le binder. Un binder (prononcé "baïndeur") sert à binder (prononcé "baïndé") les seins afin d'avoir le torse plat.

    Il se présente le plus souvent sous la forme d'un T-shirt élastique résistant, avec une pièce non-élastique épaisse sur le devant. Il en existe des modèles longs ou courts. Certains se ferment sur le devant (scratch ou une zipette) d'autres s'enfilent comme un T-shirt classique. Certains modèles sont tubulaires, ils se portent sous les aisselles. Par exemple le mien est court et vient de chez @gc2b

    Il y a autant de raisons de porter un binder qu'il y a de personnes qui portent un binder : par confort, pour affirmer son genre, pour se déguiser (cosplay, drag plus spécifiquement Drag-King), pour faire du costume historique (certaines modes historiques demandent à avoir une poitrine plate), etc.

    Il est très important de binder en utilisant un matériel adapté. N'utilisez jamais de bandes médicales comme dans les anime japonais, vous risquez de vous blesser ! (côte cassée par exemple)

    D'autres conseils de sécurité en matière de binder :
    • placez vos seins en les faisant remonter : vos tétons doivent pointer vers l'avant, et se trouver au niveau des muscles pectoraux. Tirer les seins vers le bas donne un aspect plus "plat" mais occasionne des blessures dans les tissus ce qui peut rendre une chirurgie du torse, impossible à réaliser
    • utilisez la taille adaptée ; en cas de doute, prenez un peu PLUS GRAND !
    • ne pas porter plus de 8h d'affilée
    • ne pas porter pendant le sport, utilisez un soutien-gorge de sport ou aucun sous-vêtement (suivant votre confort)
    • retirez-le si vous avez du mal à respirer, si vous avez mal au dos, êtes inconfortable...

    Prenez soin de votre santé physique, elle aussi est importante !


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