• Le point sur... la non-binarité

    N'en déplaise à Zone Interdite sur M6, la non-binarité de genre n'est pas un phénomène "nouveau". Les anglophones pourront aller jeter un oeil aux résumés de livres réalisés par @alokvmenon

    Ce n'est pas non plus "réservé aux jeunes" : n'importe qui, à n'importe quel âge, peut s'interroger sur son genre et utiliser n'importe quel mot pour le décrire.

    Le genre en effet est un qualia : c'est un indescriptible et seule la personne concernée peut savoir de quoi il s'agit. Comme pour la douleur ou la perception des couleurs. Néanmoins il y a chevauchement / confusion avec les rôles sociaux genrés / le genre social.

    Une personne non-binaire qui a été assignée fille à la naissance, n'est PAS "une fille". Cette personne est non-binaire. Une personne a toujours un corps de son genre actuel, et ce, peu importe ce qui est noté sur son acte de naissance. Indépendamment des organes génitaux, à la naissance, ou actuellement.

    Ainsi, dire d'une personne non-binaire qu'elle est "une fille" ou "un garçon" est faux. Cette personne est "non-binaire". Fin du débat.

    Au passage, petit rappel définitions :

    non-binaire : ni 100% garçon ni 100% fille. C'est une famille de genres, pas une absence de genre !

    agenre : absence de genre ; fait partie de la non-binarité

    neutrois : un genre neutre ; à ne pas confondre avec agenre !

    genderfluid, genre-fluide : un genre dont la nature varie avec le temps

    genderflux : un genre dont l'intensité varie avec le temps (intensité =/= nature)

    Il existe plein, plein d'autres genres non-binaires. Il existe même un genre spécial pour les autistes : autigenre (un genre fortement influencé par la neurologie autistique ; il faut être autiste pour être autigenre ; mais on peut être autiste sans être autigenre)

    Et pour finir : la non-binarité est une transidentité puisque la personne est d'un genre différent de celui qui lui a été assigné à la naissance. Déso, pas déso. Transgenre =/= transition médicale.

    Le point sur... le sexe et le genre

    Le sexe et le genre sont deux choses différentes.

    Le sexe, il en existe des dizaines de variantes chez les humains. Mais, lorsque c'est visible, la personne est dite intersexe et subit des mutilations génitales dès la naissance pour la conformer au dogme de la binarité mâle/femelle.

    Lorsqu'une personne est d'un genre différent de celui assigné à la naissance, cette personne est systématiquement transgenre. Une personne non-binaire est forcément transgenre. Et la transition qu'elle soit sociale ou médicale ou autre, n'est PAS une transformation : elle sert à confirmer le genre qui est déjà là en amont.

    Je répète pour les gens du fond de la salle : une transition sociale est une transition. La transition sociale commence au premier geste que fait une personne pour revendiquer socialement son véritable genre : changement de prénom, tatouage, piercing, maquillage... Peu importe. C'est déjà le début d'une transition.

    Le documentaire sous-entend qu'on a le genre de son apparence sociale. C'est faux. Les personnes non-binaires ne vous doivent pas l'androgynie. Les femmes trans ne vous doivent pas la féminité. Les hommes trans ne vous doivent pas la masculinité. On est de son vrai genre, peu importe son apparence ou ses papiers d'identité.

    De plus, affirmer qu'il faut présenter d'une certaine façon pour être de son genre, renforce la transphobie et rend difficile l'accès à une transition (quelle qu'elle soit) puisque les gens vont s'attendre à ce que la personne ait une certaine apparence afin de pouvoir transitionner. C'est l'inverse du processus de transition puisque pour pouvoir transitionner médicalement et administrativement, il faut justifier d'une transition sociale (prénom d'usage, par exemple). C'est le serpent qui se mord la queue...

    Le point sur... la présentation de genre et le genre

    Il ne faut pas confondre la présentation de genre, l'expression de genre et le genre.

    L'expression de genre est souvent interprétée d'après des codes sociaux genrés ce qui est totalement arbitraire et construit. Actuellement on considère qu'un homme avec une perruque, du maquillage et des talons hauts n'est "pas un homme" - il y a quelques siècles en France, il était le summum de la virilité.

    Actuellement la plupart des gens considèrent qu'un mec n'est un "vrai mec" que s'il est hétéro et présente masc. On pourrait presque dire que, comme pour d'autres cultures, les mecs non-hétéros sont considérés comme une autre catégorie sociale genrée que les mecs hétéros. Mais je chipote.

    Notez au passage que, lorsqu'on vend des vêtements masculins comme "non-genrés" c'est une démarche misogyne et sexiste qui considère que homme = défaut et que femme = moins bien (puisqu'un homme qui porte un vêtement non-genré "de femme" serait "ridicule" et "pas un vrai mec").

    Ce qui nous renvoie au concept de masculinité toxique . Mais quel est ce Pokémon ? C'est l'ensemble des injonctions sociales à la virilité / masculinité, qui sont toxiques pour les hommes. Comme, "les hommes ne pleurent pas" (ils se suicident plus souvent) - "les hommes sont hétéros" (homophobie internalisée) - "un mec qui fait du sexe fait le marteau-piqueur" (les hommes n'ont pas accès à la tendresse, la sensualité, l'érotisme...) - "un homme qui aime les enfants est forcément pédophile" (ils ont moins accès à la paternalité) - "un homme ne fait pas le ménage" (les célibataires vivent dans un état d'hygiène déplorable, manquent d'indépendance).

     

    Le point sur... ce que les autres médias en ont dit.

    @ouestfrance parle de "bisexualité psychique" : il y a là confusion entre orientation sexuelle et identité de genre. La sexualité de toute façon c'est forcément psychique, comme toutes les orientations d'attirance.

    La non-binarité n'est pas non plus une "mode" : la "mode" c'est d'en parler, d'être visible. La non-binarité, comme toutes les transidentités, a toujours existé dans l'humanité. Ce n'est pas nouveau.

    @lemondefr critique quant à lui l'affirmation disant qu'il est impossible de distinguer un squelette de fille d'un squelette de garçon. C'est pourtant vrai. La majorité des squelettes humains étudiés en archéologie et anthropologie, ne peuvent pas être "sexés" sans étude ADN. C'est encore plus vrai avant la puberté. Déso les cis !

    @lobs quant à lui affirmait que les icônes queer ou non-conformes dans le genre sont des "porte parole de la dysphorie de genre". Spoiler : pas besoin d'avoir de la dysphorie pour être trans, et on peut être dysphorique en étant cis. On peut se rendre compte qu'on est trans par euphorie de genre - et on peut être non-conforme, casser les codes sociaux, en étant cisgenre !

    Je sais, c'est incroyable...

    Mais alors, comment on sait le genre d'une personne ? En lui demandant.

    Comment on peut connaître son propre genre ? Par introspection. Se savoir cisgenre suite à une introspection, c'est beaucoup plus cool que de se dire cisgenre parce que d'autres l'ont décidé à notre naissance !

    Et si on veut PAS avoir de relation avec une personne trans ? Suffit de le dire. C'est pas aux personnes trans de vous dire qu'elles sont trans. C'est à vous d'annoncer votre transphobie, comme on annonce un allergène.


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  • Dans un monde idéal de bisounours...

    • les femmes sont des femmes, fin du débat. Quel que soit leur physique (cis, trans, intersexe...) quelle que soit leur présentation (butch femme masc goth...) quelle que soit leur orientation (lesbienne bie het ace aro aroace pan...) les femmes sont des femmes.
    • les femboys sont des garçons (cis ou trans) qui aiment présenter de manière féminine et qui utilisent l'étiquette "femboy" pour désigner leur expression de genre. Mais ce sont des garçons. Ils n'ont rien à voir avec des femmes transgenre.

    Dans les faits, hélas, la "culture femboy" est un mélange de plein de trucs problématiques parce que transphobe et fétichiste, et qui dit fétichisme dit, déshumanisant insultant et humiliant. De plus, les "femboys" participent à la cisnormativité et à l'essentialisme de genre en refusant les mecs trans et en mégenreant les femmes trans. Que du bonheur...

    Les termes suivants sont problématiques et ne doivent JAMAIS servir à désigner une femme trans puisqu'ils désignent AUTRE CHOSE qu'une femme et qu'ils sont fétichistes. Ne les utilisez pas pour désigner une personne autre que vous-même ! (Vous utilisez les étiquettes que vous voulez pour vous-même, après tout... réfléchissez juste avant ! )

    • trap : homme cis s'habillant en femme dans le but d'attirer des hommes cishet et de les humilier.
    • sissy : terme désignant une pratique BDSM où un homme est habillé de façon féminine pour l'humilier.
    • shemale ou ladyboy : terme fétichiste et déshumanisant, désignant une personne féminine avec des seins, un pénis, des testicules, sans vagin.
    • futanari : terme fétichiste et déshumanisant, désignant une personne féminine avec des seins, un vagin et un pénis, testicules en option.
    • cuntboy : terme fétichiste et déshumanisant, désignant une personne masculine, sans seins, avec une vulve.


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  • Quand une personne autiste parle de routine à une personne neurotypique, la personne NT s'imagine qu'il s'agit d'une vie réglée comme du papier à musique. 8h lever, 8h30 café...

    La routine autiste n'a absolument rien à voir avec un emploi du temps strict !

    REVELATION !

    La routine autistique, c'est un enchaînement d'événements. Peu importe quand ils se produisent, du moment où ils se produisent dans le bon ordre. C'est, passer toujours par le même trajet quand on se promène. S'habiller toujours de la même façon : d'abord la chaussette gauche, ensuite la droite.

    La routine autistique ne supporte pas très bien les événements exceptionnels comme Noël ou Nouvel An puisque les choses ne se passent pas comme d'habitude : pas les mêmes personnes, pas les mêmes vêtements, la même nourriture, le même décor, les mêmes activités... Et donc cette année, je n'ai absolument RIEN fait de "spécial" pour les fêtes de fin d'année. (à part une commande habituelle à mon fast food habituel, histoire de faire quelque chose d'habituel mais dans la catégorie "spéciale")

    De la même façon, j'ai tellement l'habitude d'avoir des questions et remarques validistes, autiphobes, transphobes dès que je vais quelque part pour avoir des services à la personne (coiffeur, médecin, centre esthétique...) que, lorsque je tombe par hasard sur une personne inclusive et queer-friendly ou autisme-friendly, je bug. Ecran bleu. Je ne sais plus quoi faire, comment réagir, de quoi parler. La personne quitte le script auquel je suis habitué', et je tombe dans une interaction sociale à laquelle je ne suis pas préparé'. Et c'est angoissant.

    Moins angoissant que les attaques -phobes, mais angoissant par le côté "nouveauté".

    Résolution pour 2021 : avoir des "scripts sociaux" préparés au cas où la personne en face est ouverte d'esprit.

    Bananier et pommes sautées !


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  • Et voilà, 6 mois que je suis sou testostérone ! Alors, petit bilan !

    Santé mentale

    • amélioration du bien-être au quotidien
    • diminution de ma patience face au bullshit
    • augmentation de l'envie de me faire appeler "monsieur" par les gens - même si techniquement je suis non-binaire
    • conséquence : augmentation de la fréquence de ma confrontation à la transphobie principalement sous l'effet de l'ignorance et de la désinformation, mais ça pique quand même...

    Effets physiques d'une transition masculinisante

    • poils déjà présents : plus foncés
    • poils supplémentaires : sous la mâchoire, la poitrine, les épaules (genre, un ou deux en plus, mais ils sont là !)
    • forte augmentation de la masse musculaire : j'ai des pecs !
    • forte augmentation de la fatigabilité mais, augmentation du dynamisme - en d'autre termes, je grille mon énergie encore plus vite qu'avant
    • diminution de la taille des seins, cuisses, hanches... et déplacement du gras vers le ventre
    • mue de la voix : je suis toujours au stade "canard". Le chat a décidé que c'était la "nouvelle mode de la maison" et a changé ses propres non-miaulements pour suivre le mouvement.
    • acné : j'en ai vachement moins que durant ma première puberté, je suppose que cette fois-ci je sais mieux prendre soin de ma peau, expérience oblige.
    • odeurs corporelles : quand je trie mon linge pour la lessive, je trouve que "c'est bizarre, mon linge sent le mec". Il faut m'habituer. Le chat s'acclimate en se roulant dans le linge sale pour "mettre à jour l'odeur de la colonie".
    • appareil génital (parce que oui là aussi y'a des trucs qui changent) : les + et les - suivent le calendrier prévisionnel. Non, je vous dirai pas c'est quoi, c'est un choya privé c'est choses-là...

    Conclusion

    Je kiffe et c'est pas assez rapide à mon goût !


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  • Est-il possible d'être à la fois transgenre et essentialiste ?

    Oui, c'est possible.

    La compréhension sociale de la transidentité est la suivante :
    cerveau -> identité de genre -> transition sociale, transition médicale, accompagnée éventuellement de chirurgie de confirmation de genre en fonction des désirs / besoins de la personne.

    La compréhension essentialiste est la suivante :
    transition sociale -> transition médicale -> chirurgie génitale -> identité de genre

    Ainsi, si suivant la compréhension sociale de la transidentité, les personnes choisissent de transitionner parce qu'elles sont d'un certain genre... suivant la compréhension essentialiste, il FAUT transitionner pour DEVENIR son genre.

    Donc, suivant la compréhension sociale, une personne trans à qui on refuse une transition va exprimer un fort malaise et peut aller jusqu'à la dépression et le suicide (ce qui est factuellement observé).

    Et suivant la compréhension essentialiste, forcer une personne à avoir une chirurgie génitale va modifier son genre (ce qui est actuellement imposé aux personnes intersexe et qui est, contrairement à ce que dit l'essentialisme, une source de dépression ; d'ailleurs ces chirurgies imposées sont nommées mutilations génitales).

    Je suis triste pour les personnes transgenre essentialistes, qui, pour des raisons qui leur sont personnelles, se plient (de gré ou de force...) à une vision cisnormée du monde.

    Je comprends les personnes trans qui font le choix délibéré d'une chirurgie "du bas". Je suis triste pour celles qui se l'imposent afin de "rentrer dans les cases". Mais je comprends que cela puisse être nécessaire parfois afin d'obtenir certains papiers, une reconnaissance sociale, etc.


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