• Être à la fois transgenre non-binaire et autiste c'est... compliqué.

    Pourquoi c'est compliqué ?

    A cause de la réaction des GENS.

    Je me retrouve ainsi à l'intersection du validisme, de l'autiphobie et de la transphobie / embyphobie.

    Apparemment, si on est à la fois autiste et trans, c'est que la transidentité est un "trouble" causé par l'autisme, pire, la non-binarité "n'existe pas", et donc, il ne faudrait soit-disant PAS faire de transition de genre. Comme si le fait qu'il puisse y avoir un lien entre l'autisme et la transidentité, rendait la transidentité illégitime.

    C'est, bien entendu, du gros bullshit. C'est autant du bullshit que de dire à une femme cisgenre que, si elle veut porter du maquillage, c'est parce qu'elle est une femme, et que donc c'est pathologique pour elle de porter du maquillage.

    L'identité est quelque chose de complexe. Aucun élément identitaire n'existe dans le vide. Tous s'influencent les uns les autres. Toute l'histoire personnelle qu'on vit, influence elle aussi notre identité. Notre identité est protéiforme et en constante évolution.

    Transitionner permet de s'affirmer dans son identité. Et, peu importent les éléments (neurologiques, personnels...) qui ont participé à la transidentité. Elle est là. Lui permettre de s'exprimer, la respecter, améliore la santé mentale et le bien-être au quotidien.

    Oui, y'a des chances pour que ma neurologie autistique (neuroatypie) fasse partie des causes de ma non-binarité. Et après ? Dans tous les cas, je suis trans non-binaire. Alors, autant laisser ma fabuleuse non-binarité s'exprimer et s'épanouir ! Ca ne fait de mal à personne : au contraire, moi, ça me fait du bien !


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  • A l'intersection des mes identités autiste et trans non-binaire je vous présente . . . le kilt !

    Je porte le tartan breton représentant la ... Bretagne. (Je ne me sens pas assez "de mon département" pour porter le tartan du département) J'ai pris la version en gris et noir car ça s'accorde plus facilement avec mes nombreuses couleurs de chemises, pulls et T-shirts.

    J'aime beaucoup ce vêtement. D'un point de vue de sensorialité autistique, c'est plus agréable à porter qu'un jean, je trouve. La ceinture large exerce une légère pression autour de la taille, ça aussi c'est un kiffe autistique pour moi.

    Le côté "jupe pour homme" est très queer de mon point de vue, sans compter qu'il est malpoli de demander ce qu'on a sous le kilt. Bon à l'origine c'est une histoire de "pantalon ou pas pantalon", de bizutage à l'armée, et de blague pour touristes, mais ça a un petit côté positivité queer en bonus, et c'est toujours appréciable.

    Et puis avec la fluidité de genre les jours un peu plus "fem" je suis en "jupe" et les jours plus "masc" je suis en "costume viril". Le tout avec une seule garde-robe.

    Euphorie de genre /20, je recommande.


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  • Je n'ai pas du tout aimé le livre "Sais-tu pourquoi je saute ?" qui est pourtant acclamé comme un excellent livre sur l'autisme écrit par un autiste de 13 ans. C'est très très cringe ...

    Imaginez un enfant autiste de 13 ans qui grandit dans une société validiste qui lui cause de l'anxiété, un stress post-traumatique, de la dépression... En plus de ça, cet enfant est aussi aphasique dyspraxique dysorthographique et fait de l'echolalie . Il se trouve qu'il aime aussi les maths, la danse, les ballades en forêt, la lecture, le chant.

    Le livre est une interview dans laquelle on lui pose des questions comme "pourquoi tu es dyspraxique ?" "pourquoi tu es anxieux ?" "c'est quoi les flash-backs autistiques ?" (SSPT) "pourquoi tu es hyper sensible au toucher ?" "pourquoi les autistes sont tristes ?" (dépression) "pourquoi les autistes aiment les maths ?" "pourquoi les autistes peuvent pas parler ?" (aphasie) "pourquoi les autistes aiment la nature ?" (pourquoi pas ?) "pourquoi les autistes ont des TOCs ?" (troubles anxieux)

    Comme les gens autour de lui attribuent, par autiphobie, tous ses handicaps et toutes ses particularités personnelles, au fait d'être autiste (Après tout, l'autisme est une tragédie lourde, tous les autistes sont pareil...), l'enfant a intégré ces discours et les répète docilement, répondant "j'aime les maths parce que tous les autistes aiment les maths" "j'aimerais être guéri de mon autisme pour pouvoir parler" (alors que c'est l'aphasie)"s'il vous plaît, ne me grondez pas parce que je n'y arrive pas parce que je suis autiste" (maltraitances validistes des enfants handicapés) "tous les autistes sont comme moi et pensent que..." (le mythe du copié-collé)

    Rajoutez 20 pages (1/4 du texte du livre) d'introduction parlant de "pathologie de l'autisme" de la tragédie d'être "atteint d'autisme" et qu'il faut "soigner l'autisme" et vous avez un best-seller.


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  • C'est pas souvent que je parle de livres qui n'ont rien à voir avec mes intérêts spécifiques autistiques donc si je fais une entorse à mes habitudes c'est que vraiment ça vaut le détour !

    Je vais donc vous parler de Good Omens le livre qui a inspiré la série.

    Je l'ai lu en anglais et bon sang, je me suis payé de ces tranches de rire ! l'humour des auteurs est typiquement le genre auquel j'adhère, un peu façon H2G2 pour les gens qui connaissent. J'ai passé d'excellents moments le nez dans ce livre et suite à ça j'ai rajouté d'autres livres des mêmes auteurs, sur ma liste de livres à lire un jour mais c'est sûr je le ferai !

    L'histoire est assez simple : l'antéchrist a été placé sur Terre dans le but de préparer l'Apocalypse. Sauf que, suite à un malheureux concours de circonstances, sa trace est perdue le jour même de sa naissance.

    En parallèle, le démon pas tout à fait démoniaque Crowley et l'ange pas tout à fait angélique Aziraphale, se démènent dans le but de reculer le plus possible l'arrivée de la Fin du Monde - alors que les Cavaliers, pardons, les Motards de l'Apocalypse sont déjà sur les routes !

    L'horloge tourne, et seul le dernier exemplaire connu (et lui aussi égaré, comme l'Antéchrist...) d'un obscur livre de prophéties pourra empêcher les armées du Ciel et de l'Enfer de transformer la Terre en champ de bataille.

    Je n'ai pas vu la série (pour le moment, soyons optimistes !) mais je conseille vivement la lecture de ce livre en tout cas ! C'est prenant, il y a des réflexions intéressantes dedans, et l'humour ambiant aide à faire passer tout ça et maintenir l'haleine du récit.

    Comme on dit sur les sites commerciaux : 5 étoiles, je recommande.


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  • Le point sur... la non-binarité

    N'en déplaise à Zone Interdite sur M6, la non-binarité de genre n'est pas un phénomène "nouveau". Les anglophones pourront aller jeter un oeil aux résumés de livres réalisés par @alokvmenon

    Ce n'est pas non plus "réservé aux jeunes" : n'importe qui, à n'importe quel âge, peut s'interroger sur son genre et utiliser n'importe quel mot pour le décrire.

    Le genre en effet est un qualia : c'est un indescriptible et seule la personne concernée peut savoir de quoi il s'agit. Comme pour la douleur ou la perception des couleurs. Néanmoins il y a chevauchement / confusion avec les rôles sociaux genrés / le genre social.

    Une personne non-binaire qui a été assignée fille à la naissance, n'est PAS "une fille". Cette personne est non-binaire. Une personne a toujours un corps de son genre actuel, et ce, peu importe ce qui est noté sur son acte de naissance. Indépendamment des organes génitaux, à la naissance, ou actuellement.

    Ainsi, dire d'une personne non-binaire qu'elle est "une fille" ou "un garçon" est faux. Cette personne est "non-binaire". Fin du débat.

    Au passage, petit rappel définitions :

    non-binaire : ni 100% garçon ni 100% fille. C'est une famille de genres, pas une absence de genre !

    agenre : absence de genre ; fait partie de la non-binarité

    neutrois : un genre neutre ; à ne pas confondre avec agenre !

    genderfluid, genre-fluide : un genre dont la nature varie avec le temps

    genderflux : un genre dont l'intensité varie avec le temps (intensité =/= nature)

    Il existe plein, plein d'autres genres non-binaires. Il existe même un genre spécial pour les autistes : autigenre (un genre fortement influencé par la neurologie autistique ; il faut être autiste pour être autigenre ; mais on peut être autiste sans être autigenre)

    Et pour finir : la non-binarité est une transidentité puisque la personne est d'un genre différent de celui qui lui a été assigné à la naissance. Déso, pas déso. Transgenre =/= transition médicale.

    Le point sur... le sexe et le genre

    Le sexe et le genre sont deux choses différentes.

    Le sexe, il en existe des dizaines de variantes chez les humains. Mais, lorsque c'est visible, la personne est dite intersexe et subit des mutilations génitales dès la naissance pour la conformer au dogme de la binarité mâle/femelle.

    Lorsqu'une personne est d'un genre différent de celui assigné à la naissance, cette personne est systématiquement transgenre. Une personne non-binaire est forcément transgenre. Et la transition qu'elle soit sociale ou médicale ou autre, n'est PAS une transformation : elle sert à confirmer le genre qui est déjà là en amont.

    Je répète pour les gens du fond de la salle : une transition sociale est une transition. La transition sociale commence au premier geste que fait une personne pour revendiquer socialement son véritable genre : changement de prénom, tatouage, piercing, maquillage... Peu importe. C'est déjà le début d'une transition.

    Le documentaire sous-entend qu'on a le genre de son apparence sociale. C'est faux. Les personnes non-binaires ne vous doivent pas l'androgynie. Les femmes trans ne vous doivent pas la féminité. Les hommes trans ne vous doivent pas la masculinité. On est de son vrai genre, peu importe son apparence ou ses papiers d'identité.

    De plus, affirmer qu'il faut présenter d'une certaine façon pour être de son genre, renforce la transphobie et rend difficile l'accès à une transition (quelle qu'elle soit) puisque les gens vont s'attendre à ce que la personne ait une certaine apparence afin de pouvoir transitionner. C'est l'inverse du processus de transition puisque pour pouvoir transitionner médicalement et administrativement, il faut justifier d'une transition sociale (prénom d'usage, par exemple). C'est le serpent qui se mord la queue...

    Le point sur... la présentation de genre et le genre

    Il ne faut pas confondre la présentation de genre, l'expression de genre et le genre.

    L'expression de genre est souvent interprétée d'après des codes sociaux genrés ce qui est totalement arbitraire et construit. Actuellement on considère qu'un homme avec une perruque, du maquillage et des talons hauts n'est "pas un homme" - il y a quelques siècles en France, il était le summum de la virilité.

    Actuellement la plupart des gens considèrent qu'un mec n'est un "vrai mec" que s'il est hétéro et présente masc. On pourrait presque dire que, comme pour d'autres cultures, les mecs non-hétéros sont considérés comme une autre catégorie sociale genrée que les mecs hétéros. Mais je chipote.

    Notez au passage que, lorsqu'on vend des vêtements masculins comme "non-genrés" c'est une démarche misogyne et sexiste qui considère que homme = défaut et que femme = moins bien (puisqu'un homme qui porte un vêtement non-genré "de femme" serait "ridicule" et "pas un vrai mec").

    Ce qui nous renvoie au concept de masculinité toxique . Mais quel est ce Pokémon ? C'est l'ensemble des injonctions sociales à la virilité / masculinité, qui sont toxiques pour les hommes. Comme, "les hommes ne pleurent pas" (ils se suicident plus souvent) - "les hommes sont hétéros" (homophobie internalisée) - "un mec qui fait du sexe fait le marteau-piqueur" (les hommes n'ont pas accès à la tendresse, la sensualité, l'érotisme...) - "un homme qui aime les enfants est forcément pédophile" (ils ont moins accès à la paternalité) - "un homme ne fait pas le ménage" (les célibataires vivent dans un état d'hygiène déplorable, manquent d'indépendance).

     

    Le point sur... ce que les autres médias en ont dit.

    @ouestfrance parle de "bisexualité psychique" : il y a là confusion entre orientation sexuelle et identité de genre. La sexualité de toute façon c'est forcément psychique, comme toutes les orientations d'attirance.

    La non-binarité n'est pas non plus une "mode" : la "mode" c'est d'en parler, d'être visible. La non-binarité, comme toutes les transidentités, a toujours existé dans l'humanité. Ce n'est pas nouveau.

    @lemondefr critique quant à lui l'affirmation disant qu'il est impossible de distinguer un squelette de fille d'un squelette de garçon. C'est pourtant vrai. La majorité des squelettes humains étudiés en archéologie et anthropologie, ne peuvent pas être "sexés" sans étude ADN. C'est encore plus vrai avant la puberté. Déso les cis !

    @lobs quant à lui affirmait que les icônes queer ou non-conformes dans le genre sont des "porte parole de la dysphorie de genre". Spoiler : pas besoin d'avoir de la dysphorie pour être trans, et on peut être dysphorique en étant cis. On peut se rendre compte qu'on est trans par euphorie de genre - et on peut être non-conforme, casser les codes sociaux, en étant cisgenre !

    Je sais, c'est incroyable...

    Mais alors, comment on sait le genre d'une personne ? En lui demandant.

    Comment on peut connaître son propre genre ? Par introspection. Se savoir cisgenre suite à une introspection, c'est beaucoup plus cool que de se dire cisgenre parce que d'autres l'ont décidé à notre naissance !

    Et si on veut PAS avoir de relation avec une personne trans ? Suffit de le dire. C'est pas aux personnes trans de vous dire qu'elles sont trans. C'est à vous d'annoncer votre transphobie, comme on annonce un allergène.


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