• Le transsexualisme ou transsexualité est un ancien mot issue de la psychiatrie, pathologisant, déshumanisant et transphobe afin de désigner une catégorie spécifique de personnes en se basant uniquement sur leur comportement.

    De même qu'une personne homosexuelle était une personne "ayant des rapports sexuels avec une personne de même sexe" (et osef du spectre d'attraction), une personne transsexuelle avait le comportement social et sexuel "d'une personne de l'autre sexe". En d'autres termes : c'était un travesti homosexuel.

    On parlait donc d'UN transsexuel pour une personne assignée garçon à la naissance, mais qui s'habille en femme, se comporte comme une femme, a un genre social féminin, et couche avec des hommes. En d'autres termes : une FEMME transgenre hétéro.

    Inversement, UNE transsexuelle désignait un HOMME transgenre hétéro.

    La transphobie, l'essentialisme de genre, la cisnormativité et l'hétéronormativité de la société ne permettaient pas l'existence de personnes avec un genre différent de celui assigné à la naissance. Se comporter hors de ces cases était vu comme une pathologie : l'homosexualité en faisait partie, mais également, toute présentation de genre en-dehors des stéréotypes binaires : personnes transgenre mais aussi femmes butch, hommes femboy, et j'en passe, étaient donc accusées de travestissement et considérées comme ayant une maladie mentale.

    La société permettait une diversité de comportements pathologique au sein d'un même corps (qui devait correspondre à une binarité de sexe) - actuellement les avancées en Sciences sociales montrent qu'il y a au contraire, tout un spectre de corps possibles pour une même identité - et que d'ailleurs les identités et attractions possibles sont loin d'être binaires !

    Mais les mots perdurent et on appelle aujourd'hui "transsexuel" une personne transgenre ayant fait une chirurgie génitale de confirmation de genre... L'essentialisme a la vie dure !


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  • Ceci est une histoire de transphobie ordinaire.

    La semaine dernière, j'ai été faire un tour au fast food du coin. Ca m'arrive de temps en temps ; pour moi c'est du self-care car j'ai été élevé' dans l'optique selon laquelle, toute dépense en-dehors du strict minimum nécessaire, est forcément superflue et honteuse. Donc, arriver à dépenser 5 euros de temps en temps pour un hamburger, c'est une petite victoire pour moi.

    J'arrive donc au restaurant . Les employées, avisant ma petite taille de mec trans et mon kilt font preuve de cisnormativité (et donc d'un comportement transphobe) et décident de m'appeler Madame.

    Je les corrige.

    Plusieurs fois d'affilée, je leur dis "Non c'est Monsieur" et elles me répondent "D'accord, Madame". Je finis par élever la voix pour les rappeler à l'ordre, et je réalise un signalement sur le site de l'enseigne.

    Je suis rappelé' le lendemain, la personne au téléphone s'excuse "que vous l'ayez pris comme ça" (gaslighting bonjour) et m'assure que ça ne pouvait en aucun cas être une discrimination grâce à l'argument magique (et raciste) "Une de nos employées est noire". On me concède finalement un dédommagement la prochaine fois que j'irai dans l'enseigne.

    J'y retourne donc ce midi, enfile ma plus belle perruque de Karen et demande à parler au manager. Ce dernier n'était pas du tout au courant de la situation et a dû rappeler son propre supérieur pour comprendre de quoi il retournait.

    C'est beau d'être respecté' et de recevoir des excuses en bonne et due forme, de voir que l'enseigne a décidé de s'améliorer et de faire attention à sa clientèle... (/ironie /sarcasme)


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  • L'une des prestations proposées en France par la Maison Départementale des Personnes Handicapées (ou MDPH ) est la Prestation de Compensation du Handicap (ou PCH)

    Sur le papier ça sonne bien : toutes les dépenses faites pour compenser le handicap sont couvertes par cette prestation.

    Dans les faits... C'est beaucoup plus compliqué.

    Cette prestation sociale est très très encadrée. Ce qui veut dire que, sans prescription médicale, impossible d'y avoir accès.

    Quand on est autiste la plupart des besoins ne sont ainsi pas couverts. En effet, qui va prescrire une couverture lestée ou des stim toys ou des filtres auditifs ou encore, des sous-vêtements sans coutures ? Ce sont des choses qu'on doit acheter par soi-même, et peu importe ce que ça coûte.

    De plus, la PCH se contente de rembourser certains soins. Elle n'aide pas à y avoir accès. Je dois donc me débrouiller pour faire des pieds et des mains afin d'avoir accès à un suivi, puisque je suis encore sur liste d'attente pour le Service d'Accompagnement Médico Social pour Adulte Handicapé (ou SAMSAH pour faire court)

    Cerise sur le gâteau, la majorité de mes besoins médicaux en termes de thérapie ne seraient de toute façon pas couverts par la PCH, même si j'avais une prescription médicale pour ça.

    C'est frustrant. C'est épuisant.

    Et ce qui fait encore plus mal au cœur dans tout ça, c'est que la France est l'un des pays avec le meilleur accompagnement du handicap.


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  • Le revenu universel est une hypothèse selon laquelle, les croits humains prévalent sur les droits du capital. Ca veut dire que, tout le monde a droit à la nourriture, la santé, le logement, les vêtements, l'hygiène.

    C'est une position radicale dans le sens où, dans nos sociétés capitalistes, l'argent est placé avant la personne humaine - et la valeur d'une personne dépend de la capacité de cette personne à produire du capital.

    Une personne riche qui produit du capital en générant des intérêts bancaires, a donc plus de valeur que moi - qui passe toutes mes heures d'énergie disponible à travailler et ne génère pas grand-chose monétairement.

    Variante : la valeur d'une personne se mesure à la valeur de son travail. Se reposer est vu comme "mauvais" alors que c'est nécessaire pour rester en bonne santé, se pousser au burnout est vu comme désirable. Certains pays vont même jusqu'à décourager de prendre des congés maladie, et félicitent les gens qui vont travailler alors qu'ils sont malades ! (Et contaminent collègues et clients mais ça, on s'en fout, le capital avant tout...)

    Pourtant, si la pandémie de Covid nous aura bien prouvé quelque chose, c'est l'importance des artistes pour la santé mentale de la population. Sans films, livres, musique... nous aurions bien moins tenu le choc du confinement. Malheureusement, être artiste, c'est très mal payé. Ce qui veut dire que le capitalisme considère que les artistes, pourtant essentiels, ont peu de valeur et ne méritent pas l'accès à la nourriture, logement, etc.

    Elle nous a aussi montré que, quand les gens n'ont "rien à faire" ils ne font pas "rien". Au contraire !

    Quand on n'a plus besoin de s'épuiser à un emploi mal payé pour mettre de la nourriture dans l'assiette, on s'épanouit, on se construit, et au final, on a une meilleure productivité - en quantité et qualité.

    Nos sociétés produisent assez de richesses pour tout le monde, et des surplus. Le problème, c'est leur répartition.

    Un autre aspect radical du revenu universel est qu'il soutient que toute personne humaine, dès sa majorité, mérite son indépendance vis-à-vis de sa famille (de naissance ou suite à un mariage).

    Être indépendant financièrement dès sa majorité permet de :

    • échapper aux violences intra-familiales sans avoir besoin de trouver un emploi au préalable
    • prendre son indépendance quand on est en situation de handicap sans avoir besoin de se battre avec les services pour personne handicapée et ce, quel que soit le type de handicap
    • échapper aux violences conjugales puisqu'on n'est pas en situation de dépendance face au conjoint (dépendance que beaucoup de personnes handi vivent, hélas, car l'AAH dépend des revenus du conjoint)
    • suivre des études supérieures en toute tranquillité d'esprit, sans avoir besoin de trouver un travail pour payer ses factures ni se trouver en état de dépendance vis-à-vis de sa famille. J'ai vécu cette situation, et le burnout à cause du temps de transport dans la journée additionné aux violences intra-familiales et à l'autisme non-diagnostiqué (donc je n'avais aucune aide dont j'avais besoin) ça n'aide pas à avoir de bons résultats scolaires. J'ai la chance d'être surdoué ; sans cela, je n'aurais pas pu tenir durant ma scolarité.

    Considérer que tout le monde à le droit de vivre sans être dépendant de ses parents ou conjoint, quel que soit son état de santé, est considéré comme une position politique radicale de type socialisme ou communisme, dans nos sociétés capitalistes à outrance.

    Il est temps de mettre la personne au-dessus du capital vous ne pensez pas ?


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  • Je viens de terminer le livre "Mon père, ma mère, mes tremblements de terre" de Julien Dufresne Lamy et oh. Deer. God. C'est une purge !

    Du vocabulaire transphobe

    Pour commencer, le livre utilise constamment du vocabulaire transphobe. Ainsi, la mère trans est mégenrée pendant plus de la moitié du livre. Sans doute pour pouvoir ensuite passer de "il" à "elle" pour montrer l'évolution des mentalités du narrateur.

    Sauf que, tout se passe en flashback ! Donc le narrateur aurait très bien pu dire "Au début je ne comprenais pas et je l'appelais encore "il" mais ma mère, elle..." ça aurait été bien plus respectueux. Mais non. C'est plus drôle de dire "il" pendant la moitié du livre, "Papa" et "père" pendant la totalité du livre.

    Ensuite, la transition et la transidentité sont décrites comme étant une "perversion", un "crime", une "maladie" voire même, est assimilée à de la pédophilie et au viol. Oui oui.

    La transition est décrite sur le mode de la mort. Le père meurt. C'est horrible. Le père va mourir en devenant une femme. Il y a une femme nommée Alice à l'intérieur du corps du père et elle va tuer le père en naissant grâce aux chirurgies. (Mais je parlerai ultérieurement des problèmes d'essentialisme.)

    L'auteur a fait un réel effort de ne pas décrire la transidentité comme une tragédie en soi, mais l'histoire reste tragique (je développerai un peu plus tard dans un autre post) et décrit la transition, non pas comme un parcours personnel, mais comme quelque chose d'horrible imposé à son entourage.

    Je n'ai qu'une seule chose à dire à propos de ce livre : je regrette de l'avoir acheté neuf.

    Une narration centrée sur les personnes cis

    La narration est entièrement centrée sur les personnes cisgenre alors que l'histoire est censée être celle d'une femme trans.

    On a donc l'histoire cis-centrée de la manière dont le fils cisgenre et la mère cisgenre vont vivre la transition d'une femme trans, respectivement sa mère et son épouse.

    Et bien évidemment, les cis vont vivre ça comme une tragédie.

    Le fils cis fait une dépression à cause du harcèlement transphobe que LUI va vivre - et on s'en fout du vécu de sa mère trans. La mère cis fait une tentative de suicide et une dépression (soignée avec une quantité de médicaments qui est bien au-delà de ce qu'on prescrit pour une dépression, des mélanges que mes propres médecins m'ont interdit de faire, et une posologie que je n'ai encore jamais vue pour ce genre de traitement... psychophobie ?) Sans compter que le fils se retrouve avec un stress post-traumatique d'avoir trouvé sa mère cis après la TS mais hey, c'est sa faute à lui s'il a un PTSD ! (Je suis sarcastique.)

    On ne parle que des personnes cisgenre dans ce livre, et la transidentité n'est que vaguement abordée, à part pour donner des détails voyeuristes concernant la transition médicale, ou faire des commentaires transphobes sur l'exploration de la transidentité.

    Tout est écrit par un cis, pour des cis, pour mettre en avant à quel point c'est trop une tragédie d'avoir une personne trans dans sa famille.

    Une purge je vous dis !

    La transition en guise de scénario

    Le livre utilise la transition d'une femme comme fil conducteur.

    C'est-à-dire qu'il n'y a pas d'histoire en fait. C'est juste un gros pavé pour décrire comment se passe une transition. Et même pas la transition de manière générale, non ! Uniquement les aspects les plus affreux et les plus voyeurs et tragiques.

    On nous parle de manière transphobe de la manière dont la mère trans explore sa féminité et cherche les moyens de l'exprimer. On nous donne toutes sortes de détails sur les hormones, les chirurgies... Avec à peine une paire de pages sur ce que c'est vraiment qu'être trans, au-delà du corps.

    C'est ultra malaisant - sans compter que le fil rouge du récit est la sacro-sainte vaginoplastie. C'est juste hyper essentialiste mais ça, je vais le développer un peu plus loin.

    Bref, c'est encore un livre de plus où il est impossible d'être trans comme on peut avoir les yeux marrons ou les cheveux roux. La transidentité est le centre, tout tourne autour d'elle et surtout autour des parties génitales de la mère trans, il n'y a aucune histoire en réalité. Et pas non plus de véritables informations factuelles et sourcées.

    Voyeur. C'est le seul mot pour décrire ça. C'est du voyeurisme par un cis pour les cis.

    Essentialisme de genre et obsession pour les parties génitales des personnes trans

    Ce qui est central pour le livre c'est la vaginoplastie de la mère trans. Tout se passe pendant que le fils cis-perdu monologue sur sa mère trans en attendant que la vaginoplastie se déroule. Tout revient sans cesse au futur vagin de la mère trans.

    Tout tourne autour de l'idée de la castration du père cis pour en faire une mère trans. Comme s'il était impossible d'être une femme autrement qu'en ayant un vagin. Il y a également une longue litanie à propos d'une histoire de moulage du pénis de la mère trans afin de conserver un souvenir - et le fils cis-perdu fait toute une litanie pour se demander où sa mère trans rangera son, je cite, "un moulage en plâtre de l'ancêtre-papa".

    J'ai vraiment l'impression d'avoir lu un délire freudien d'un garçon cis en quête du pénis castré de son père devenu sa mère.

    D'ailleurs, pour revenir à l'essentialisme, la mère trans n'est considérée comme une "vraie femme" que quand elle aura eu sa vaginoplastie. Pire encore, elle ne sera pas une "femme" mais un "bébé". Un homme complètement castré, même pas un être humain adulte.

    Avec le voyeurisme qui va bien, on est à la limite d'avoir des schémas opératoires. Est-ce que l'auteur aurait fait ça pour un pontage cardiaque ? Non, ça serait ridicule. Ben là c'est pareil.

    On n'a pas besoin d'un voyeur de cis pour mettre son nez dans nos parties génitales trans, qu'elles soient faites maison, prosthétiques ou construites chirurgicalement, merci bien !

    J'en ai ma claque que la seule chose qui intéresse les cis, quand on parle de transidentité, c'est nos parties privées.

    Voyeurisme et informations erronées

    Le point central du récit est la description d'un parcours de transition. Ce qui est vraiment très très très mal fait.

    On voit que l'auteur s'est renseigné sur certaines choses : il donne les différents types d'hormones, il cite des noms commerciaux, cherche à donner des exemples de posologie mais... Ca donne du portnawak. Pareillement pour les chirurgies. C'est du voyeurisme gratuit. Il y a des meilleures informations dans les guides pour personnes trans qu'on trouve en trois clics par une recherche Internet !

    Quel est l'intérêt d'écrire une histoire juste pour pouvoir copier-coller les infos les plus sensationnalistes possibles sur le sujet ?

    Et non seulement c'est voyeur mais ça ne reflète pas du tout la réalité !

    Le récit laisse entendre que n'importe qui peut pousser la porte d'un psychiatre, le bullshiter un peu, obtenir des prescriptions d'hormones, et pouvoir ensuite faire nawak avec la prescription et la posologie, le tout sans accompagnement médical. Ce qui sous-entend que les personnes trans sont quand même un peu "malades dans leur tête" de vouloir se "mutiler" ou "risquer de mourir".

    En France le parcours de transition est extrêmement encadré et consiste en une série d'obstacles plus ou moins faciles à franchir car trop souvent on nous demande d'hyper-performer les stéréotypes de genre binaires.

    Le récit préfère assimiler la transition à un seul but : avoir l'air cis, pour des raisons essentialistes.

    BONUS

    Roulement de tambour... Petit résumé de mon propre parcours de transition ! (Jusqu'à présent)

    Maternelle : je ne me considère ni fille ni garçon et je suis persuadé' que c'est pareil pour tout le monde.

    Primaire : je découvre que les gens sont tellement accros à leur genre assigné à la naissance qu'ils s'accusent les uns les autres de ne pas être de "vrai's" filles et garçons. J'y comprends rien. Je m'en fous.

    Collège : la pression sociale me force à performer mon genre d'assignation. Je m'en fous un peu moins, ça me gave.

    Lycée : ça me gave de plus en plus de devoir hyper-performer mon genre assigné. Mais hey, c'est le prix à payer pour pouvoir être en couple non ? Pression sociale hétéronormative.

    Université : entre une présentation masc et une présentation fem, mon coeur balance. Forte pression sociale...

    Début de la vie indépendante : j'alterne les présentations fem et masc. Je découvre la non-binarité et la fluidité de genre et je KOEUR cette étiquette. Je vire emby masc à tendance femboy.

    Recherche d'une transition médicale : le fort gatekeeping cisnormatif binaire me dégoûte (apparemment faut aimer le foot pour être masc ?) Il me faut plusieurs années pour trouver mon équipe médicale actuelle.

    Début de transition médicale : euphorie de genre sous testostérone, je réfléchis à la suite, JE KIFFE MA VIE, les gens sont moins transphobes qu'on l'imagine, juste un peu cis-perdus.

    Et après ? Suspens !


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